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45.
Rés. S. 190
Giordano Bruno

La Cena de le Ceneri. Descritta in cinque dialogi, per
quattro interlocutori, con tre considerationi, circa doi
sugetti…

[Londres, John Charlewood], 1584
Exemplaire réglé au XVIIIe siècle. Reliure de l’atelier de Derome, vers 1760, en maroquin citron à grand décor floral mosaïqué en maroquin rouge et maroquin vert
sur fond criblé, gardes en tabis bleu. Prov. : Lamy (ex-libris ms. au titre) ; “Ex dono Jani Pichardi Aentinii” (ex-dono ms. au titre) ; Joseph-Antoine Crozat de Tugny (1696-1751) (ex-libris ms. au v° du titre et vente, Paris, 1751, n° 527) ; Paul Girardot de Préfond (ex-libris et vente, Paris, 1757, n° 168) ; Louis-Jean Gaignat (vente, Paris, 1769, n° 625) ; duc de La Vallière (vente, Paris, 1784, n° 975)

La Cena de le Ceneri est le premier dialogue philosophique que Bruno ait publié en italien plutôt qu’en latin, et sans doute le texte où l’auteur affirme avec le plus de force sa philosophie de la nature. Bruno prétend y rapporter une discussion qui aurait eu lieu soit à Whitehall, chez sir Fulke Greville, soit au logis de Michel de Castelnau – dédicataire de l’œuvre comme il l’était déjà de l’Explicatio triginta sigillorum – le mercredi des Cendres de l’année 1584 (14 février 1584). S’opposant de front aux thèses traditionalistes défendues par les deux docteurs d’Oxford qui figurent parmi les dialogueurs, Bruno défend une cosmologie résolument héliocentrique, célèbre l’œuvre de Copernic comme « une aurore » pour la « vraie » philosophie (par opposition à celle d’Aristote et à la cosmologie ptolémémenne) et franchit un pas supplémentaire en introduisant l’idée d’une pluralité de mondes contenus dans un univers infini, que ne limite plus l’ancienne sphère des étoiles fixes.
Exécuté vers 1760 dans l’atelier de Derome pour Louis-Jean Gaignat (car l’exemplaire n’était encore relié qu’en veau dans le cabinet de Girardot de Préfond, en 1757), le décor mosaïqué de l’exemplaire acquis par le marquis de Méjanes constitue l’un des chefs-d’œuvre de l’art de la reliure au XVIIIe siècle, remarquable à la fois par la perfection technique dans l’exécution de la marqueterie des cuirs, par la souplesse de son dessin floral et enfin par l’audace de sa mise en page, tout particulièrement sensible dans l’empiètement que fait, au plat supérieur, le pied vert du bouquet sur le listel de maroquin rouge qui sert d’encadrement.

• Louis-Marie Michon, Les reliures mosaïquées du XVIIIe siècle, Paris, 1956, p. 65, n° 58 et p. 109, n° 55 ; Rita Sturlese, Bibliografia, censimento e storia delle antiche stampe di Giordano Bruno, Florence, 1987, p. 44, n° 1.