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51.
Rés. O. 154
Sylvius
Zephyrus De putredine sive de protrahenda vita libellus…
Rome, Antonio Blado, 1536
Reliure en veau brun à décor d’entrelacs courbes
exécutés au filet autour d’un compartiment central
polylobé laissé vide au plat supérieur et frappé
de la devise “Portio mea Domine sit in terra viventium”
au plat inférieur, ex-libris “Jo. Grolierii et amicorum”
au pied du plat supérieur, tranches dorées.
Prov. : Jean Grolier ; Jean Ballesdens (ex-libris ms. au titre).
Lorsqu’il entreprit
de former une troisième bibliothèque, Grolier fit relier les premiers
livres qu’il y réunit par un maître parisien connu sous le nom conventionnel
de « Relieur à la Fleur de lis » – qui est peut-être le relieur
du Roi Étienne Roffet – puis il s’adressa bientôt à l’atelier du
« Relieur de Du Saix », avec lequel il inaugura l’habitude de faire
compléter l’ex-libris frappé au bas du premier plat « Grolierii
et amicorum » (« À Grolier et à ses amis », selon une formule de
possession typiquement humaniste) de sa devise personnelle frappée
au centre du second plat, « Portio mea sit Domine in terra viventium
» (« Que ma place, Seigneur, soit sur la terre des vivants », verset
légèrement remanié du Psaume 141). Puis, de 1540 à 1547, Grolier
s’approvisionna auprès de Jean Picard, à la fois relieur et agent
parisien du grand libraire vénitien Gianfrancesco Torresano, l’ex-libris
du premier plat prenant alors sa forme définitive en étant complété
de la mention abrégée du prénom de Grolier : « Jo. Grolierii et
amicorum ». Mais Picard devait quitter précipitamment Paris en 1547
pour échapper à ses dettes. Grolier se tourna alors vers l’atelier
du « Relieur à l’arc de Cupidon » puis, au milieu des années 1550,
fit travailler divers ateliers, parmi lesquels celui du relieur
du Roi Gomar Estienne occupe une place éminente. Celui-ci réalisa
pour lui au moins vingt-cinq reliures, dont celle du Zephyrus. Les
décors créés par Gomar Estienne se signalent par leur grande inventivité.
Celui du Zephyrus relève d’un type qui ne fut pratiqué qu’autour
de 1555. Le dessin est entièrement produit « au filet », sans qu’aucun
fer ne soit utilisé, et occupe, à l’exception de la partie centrale,
toute la surface des plats, qu’il remplit d’un réseau d’entrelacs
courbes. Si ce dessin rappelle certains décors créés vers 1552-1553
pour la bibliothèque royale de Fontainebleau, la mise en œuvre
est toutefois légèrement différente ici : le ruban des entrelacs,
au lieu d’être peint, est laissé vierge, ce qui accroît encore la
légèreté de la composition.
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Gabriel Austin, The Library of Jean Grolier : A Preliminary
Catalogue, New York, 1971, n° 556 ; Anthony R. A. Hobson,
Humanists and Bookbinders, Cambridge, 1989, p. 209-211,
271 ; Id., Renaissance Book Collecting : Jean Grolier and
Diego Hurtado de Mendoza, their Books and Bindings, Cambridge,
1999, p. 58-61, 228 ; Marie-Pierre Laffitte et Fabienne Le Bars,
Reliures royales de la Renaissance : la Librairie de Fontainebleau
1544-1570, catalogue de l’exposition de la Bibliothèque nationale
de France, Paris, 1999, p. 148- 150, 173-177 ; Fabienne Le Bars,
“Estienne, Gomar”, dans Dictionnaire encyclopédique du livre,
t. 2, Paris, 2005, p. 131-132.
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