(Fermer la fenêtre)

55.
Rés. D. 445
Michael Beuther
Ephemeris historica. Ejusdem, de annorum mundi concinna dispositione,
libellus.
Paris, Michel Fezandat et
Robert Granjon, 1551
Reliure parisienne en veau fauve poli, double encadrement
de filets dorés et à froid avec le monogramme de Jean
II Brinon aux angles de l’encadrement intérieur et
ses armes au centre du plat supérieur, son monogramme entouré
de la devise “Espoir me tormente” au centre du plat
inférieur, tranches dorées.
Prov. : Jean Brinon (1524-1555).
On ne connaît
plus aujourd’hui qu’un très petit nombre de livres provenant de
la bibliothèque de Jean Brinon, seigneur de Médan et Villennes.
Cette rareté ne rend pas justice au rôle important que ce magistrat
a joué dans l’histoire des lettres françaises de la Renaissance.
Apparenté aux plus puissantes familles de l’aristocratie parlementaire,
grand seigneur lettré au train de vie fastueux et aux goûts épicuriens,
il fut l’un des principaux protecteurs des jeunes poètes de son
temps, qu’il accueillait notamment dans son château de Médan : Dorat,
Du Bellay, Jodelle, Baïf furent du nombre, rejoints bientôt par
Ronsard qui lui dédia en 1554 ses Mélanges. Brinon mourut
brutalement l’année suivante, âgé d’à peine plus de trente ans et
déjà ruiné par sa magnificence : vie brève et large dépense, qui
viennent comme condenser l’esprit ronsardien de la « folastrie »
dans le symbole d’une existence.
Sa bibliothèque était celle d’un humaniste si l’on en juge par ses
reliefs, presque tous textes ou commentaires et imitations d’auteurs
classiques grecs et latins. C’est d’ailleurs dans un esprit typiquement
humaniste que Brinon avait commencé par marquer ses livres, en faisant
pousser sur la reliure l’ex-libris « Jo. Brinonii et amicorum »
à la manière de Jean Grolier. Puis il choisit une formule qui en
son temps était encore très neuve : il fut en France l’un des premiers
à faire frapper ses armes sur les plats des reliures. Ainsi, à l’exemple
du petit ouvrage de chronologie de Michael Beuther, ses volumes
présentent le plus souvent ses armoiries entourées de son nom et
de son titre de conseiller du roi au centre de l’un des plats tandis
qu’au centre de l’autre figure son monogramme entouré de la devise
amoureuse « Espoir me tormente », ce même monogramme étant par ailleurs
frappé aux angles de l’encadrement intérieur de chacun des deux
plats.
•
Pierre de Nolhac, Ronsard et l’humanisme, Paris, 1921,
p. 16-17 et 249-251 ; Lucien Scheler, “Jean de Brinon, bibliophile”,
Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, 11 (1949), p.
215-218 ; Ronsard : la trompette et la lyre,
catalogue de l’exposition de la Bibliothèque nationale, Paris,
1985, p. 45-47 ; Michel Simonin, Pierre de Ronsard, Paris,
1990, p. 136-138 ; Anthony R. A. Hobson et Paul Culot, Italian
and French 16th-Century Bookbindings, Bruxelles, 1991, n°
37, p. 92-93.
|