.Les guerres de religions et les Ligues

Les guerres de Religion en Provence

En Provence comme dans tout le sud de la France, les guerres de Religion, entrecoupées de trêves, ont été cruelles et complexes. Interférant avec les conflits entre les nobles, elles virent s'opposer les catholiques, menés par le comte de Carcès (carcistes) et les protestants ou razats. Après la mort d'Henri III, son successeur Henri IV fut soutenu par le parti " bigarrat " comprenant des catholiques non extrémistes et des protestants ;

en face, les carcistes entrèrent dans les Ligues successives. À la tête du parti royaliste en Provence, se trouvait le gouverneur Henri d'Angoulême, puis le duc d'Épernon et son frère La Valette. Le principal chef des Ligueurs, après la mort du comte de Carcès en 1582, fut Hubert de Vins.

Lors de la Ligue, les troupes catholiques du comte de Carcès dévastèrent tout sur leur passage. On donna le nom de razats ou rasés aux malheureux qui avaient tout perdu et par extension à ceux qui, protestants, se soulevèrent pour leur porter secours contre les catholiques.

En 1579, Catherine de Médicis vint à Aix pour apaiser ces troubles. Assistant à la Fête-Dieu et en particulier aux jeux des razcassetos, elle demanda des explications. Un plaisant lui répondit que c'était les razats qui peignaient un carciste.C'est le jeu des lépreux de l'Évangile. Ils sont quatre, mais peuvent être plus nombreux. Trois sont comme tondus, le quatrième a une perruque et le jeu consiste à la lui peigner et brosser, tandis qu'il saute de tous côtés pour échapper aux autres.

Doc : Explication des cérémonies de la Fête-Dieu d'Aix en Provence, ornée de figures du lieutenant de Prince d'Amour ; du Roi et bâtonniers de la bazoche ; de l'Abbé de la ville ; & des jeux des diables, des Razcassetos... Gaspard II et Paul Grégoire Aix, Esprit David, 1777. Planche X : Leis razcassetos.

In 8° 7799

 
Le massacre de la Saint-Barthélemy avait donné en août 1572 le signal d'une quatrième guerre de religion. En Provence, les partisans du comte de Carcès, chef de la Ligue de Provence, combattaient contre les razats (rasés) ou protestants.

Doc :"Au mois de septembre 1578 commença la guerre des razats..." (inc.) Mémoires de Mr. de Saint-Cannat, sur les derniers troubles de Provence, pour celuy qui en voudroit faire l'histoire. M. de Saint-Cannat Copie de la main du marquis de Méjanes XVIIIe siècle.

Ms. 783 (541)

 
Jean-André de Thomassin (vers 1527-1592), con-seiller au parlement de Provence en 1569, membre du parlement ligueur. Portrait gravé par J. Coelemans, (1654-1735).
 

"Ce recueil faisait partie de la bibliothèque de M. de Mazaugues. Il y a des manuscrits du savant Peiresc, écrits de sa main, tels le résumé de lettres écrites au Parlement pendant la Ligue..."

(p.1 de la main de M. de Saint-Vincens).

Doc :143 pages, annales, de la main de Peiresc. Recueil de pièces relatives au Parlement de Provence. "Extrait de diverses lettres écrites au Parlement de Provence aux années 1589, 1590 et 1591, sur les mouvements de la province" (p.385).

Ms. 953 (943)

 

Mausolée de Hubert de Garde, seigneur de Vins. Lavis de gris, plume encre noire. Fin XVIIIe siècle.

Est. A. 35

 

Fils du comte Gaspard de Garde et de la sœur du comte de Carcès, Hubert de Vins fut mêlé très jeune aux querelles religieuses. Il devint l'âme de la Ligue à la mort du comte de Carcès (1582) et le généralissime de l'armée ligueuse en 1586. Il dirigea la lutte contre le gouverneur La Valette et entra successivement à Marseille et à Aix. Il força une partie du parlement à adhérer à la Ligue. On eut alors "un triste spectacle sous les yeux, celui des premiers magistrats du pays, établis pour maintenir la paix et le bon ordre, uniquement occupés à se détruire les uns les autres et autorisant par leur exemple la discorde qui régnait parmi les concitoyens" (Esmiri de Moissac). De Vins fut tué au siège de Grasse (1589) et on lui éleva dans le chœur de Saint-Sauveur, un mausolée qui fut détruit en 1793.

Pierre J.-J. Juramy