Exposition
:
Camus
Nobel 57 l'homme et l'artiste, 2005
Lettre
d'Albert Camus à Louis Germain, son instituteur de l'école
communale de la rue Aumerat, Alger, 19 novembre 1957 :
« Quand j'ai appris la nouvelle, ma première pensée,
après ma mère, a été pour vous. Sans vous,
sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre
que j'étais, sans votre enseignement et votre exemple, rien de
tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette
sorte d'honneur. Mais celui là est du moins une occasion pour
vous dire ce que vous avez été et êtes toujours
pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail, et le
coeur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants
chez l'un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge,
n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève.
»
Commémoration du 50° anniversaire de la remise du
Prix Nobel de littérature à Albert Camus à la Cité
du Livre d’Aix en Provence. 12 décembre 2007
On pouvait craindre que cet
hommage, rendu un mercredi en fin d’après-midi, n’attire
pas grand monde. Et pourtant il n’y avait plus une place libre
dans l’amphithéâtre de la Verrière. Ce qui
confirme, une fois de plus, l’intérêt porté
à Albert Camus, et ceci toutes générations confondues.
Le coup d’envoi a été
donné par Gilles Eboli directeur de la Cité du Livre.
Ensuite, Catherine Camus a insisté sur le parcours de cet enfant
des rues, reçu à la cour de Suède pour la remise
de ce prix prestigieux.
“La réaction
des commères“ telle était intitulée
l’intervention sensible et émouvante de Catherine Lépront
concernant l’accueil plus que mitigé de la presse de l’époque
à l’attribution de ce prix à ce jeune écrivain
que certains prédisaient promis à l’oubli... On
comprend l’écœurement de Camus, descendu en flammes,
même par celui pour lequel il avait demandé la grâce
pendant les procès de l’épuration !
Et puis : “Vous
m’avez redonné le goût de vivre“ ... “Restez
ce que vous êtes“... Ce furent 32 extraits de lettres
reçues du monde entier, lues par 32 élèves de 3°
de La Nativité mis en scène par leurs professeurs de français
Christine Barre et d’histoire Bernard Mahasela. Des extraits de
lettres admiratives, de remerciements, certaines de style très
simple, parfois drôles, toutes amicales. Ces jeunes lecteurs,
impressionnés on peut le comprendre par l’assemblée
nombreuse, apparaissaient à tour de rôle pour former au
final un grand demi-cercle se tournant vers l’écran géant
pour applaudir Albert Camus et l’entendre dans l’intégralité
de son “Discours de Suède“. Quand on connaît
les doutes de Camus et même son trac, le manuscrit ayant disparu
puis étant retrouvé juste avant son intervention... On
ne peut qu’être admiratif de sa maîtrise, de sa pensée,
de son écriture ! L’amphithéâtre était
suspendu, on entendait même les pages se tourner sous la main
de Camus... De nombreuses photos défilant sur l’écran,
rendant parfaitement l’ambiance de ce 10 décembre 1957.
Malgré le buffet déjà
installé et que certains n’ont pas boudé... Marcelle
Mahasela a inauguré l’exposition “Camus Nobel 57,
l’homme et l’artiste“ dans un Centre Albert Camus
plein à craquer. Devant l’affluence, avec l’enthousiasme
et le professionnalisme qu’on lui connaît, elle l’a
“inaugurée“ encore deux fois ! Et n’a pas profité
du buffet !
“Au côté de la présentation des documents
officiels de la remise du Prix Nobel [...], l’exposition évoque
la place de l’artiste dans l’œuvre d’Albert Camus
[...]. Une place spécifique est accordée aux réactions
de la presse, négatives au point que Camus écrira:”Effrayé
par ce qui m’arrive et que je n’ai pas demandé. Et
pour tout arranger, attaques si basses que j’en ai le cœur
serré.“ Les témoignages d’amitié,
parfois de lecteurs anonymes, font contrepoids à la hargne et
la méchanceté ambiante[...]. Quelques détails au-dessus
de la pile des témoignages d’amitié : un seul mot
seul en majuscule prenant toute la page “BRAVO !“
Dans les lettres des amis célèbres, notons celles de Roger
Martin du Gard qui était déjà passé par
cette “épreuve“ et qui conseille Camus comme un père
sur les tenues à avoir, le protocole à respecter dans
le style délicieux qui lui est propre. Et aussi: une lettre d’Andrée
Chédid qui a interpellé le jeune public... Est-ce la même
famille que Louis et M ?
Béatrice Vaillant
Dans les jours qui suivent,
alors que la presse se déchaîne « Trop jeune, trop
guindé, brave type, oeuvre terminée, finie, embaumée,
Pascal de la classe laborieuse, paysan endimanché... »
la correspondance adressée à Camus par les lecteurs témoigne
d'une réception bien différente.