AIX 1906 : Arrêt sur images

Dans un climat de mélancolie, isolée d’un siècle qui semblerait l’ignorer, Aix, coupée du bouillonnement parisien, aurait conservé à l’orée du XXe siècle son allure de ville du XVIIIe, en contraste avec l’agitation et l’amour du négoce marseillais. Et de fait, l’approche rapide du contexte aixois, démographique ou économique notamment, évoque l’univers figé d’une sous-préfecture. Pourtant, persistent dans les domaines scolaire, culturel et artistique des structures actives, héritées de l’Ancien Régime ou créées au XIXe, tandis que sociabilité et langue provençales rendent compte d’une identité toujours riche et vivante.

> Le contexte
Aix, déchue après la Révolution au rang de sous-préfecture, voit sa population stagner et son économie dépérir. Lors du dénombrement de 1901, la ville compte 24 861 habitants, soit un niveau comparable à celui de 1789. À l’écart de l’industrialisation, dans cet arrière-pays rural, la bourgeoisie liée au Palais et parfois au négoce, préfère investir dans la terre, à l’image de ses devanciers robins de l’Ancien Régime.

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> Enseignement et institutions culturelles
Ville de moins de 30 000 habitants, Aix dispose cependant d’un équipement scolaire d’importance. En 1837 s’ouvre l’École normale d’instituteurs des Bouches-du-Rhône, l’École normale d’institutrices suivant sept ans plus tard. Après une visite de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, aix obtient, en septembre 1880, la transformation de son collège municipal en lycée. Aux facultés de droit et de théologie, créées sous l’Empire, s’ajoute en 1846 une faculté des lettres. L’École nationale des arts et métiers, grand établissement technique, s’est ouverte, elle, en 1843, grâce à l’influence de Thiers, enfant du pays.

La bibliothèque Méjanes est un héritage de l’Ancien Régime. Léguée en 1786, la collection du marquis de Méjanes est solennellement ouverte au public le 16 novembre 1810 dans les salles de l’Hôtel de ville. Par la suite, les enrichissements sont surtout le fait de donations et de legs dont, l’année de la mort de Cézanne, le don fait par Mme Emile Zola, des plans et des manuscrits des Trois Villes. Le Musée des Beaux-Arts, installé en 1825 dans l’ancien prieuré de Saint-Jean de Malte, s’accroît lui aussi de nombreux dons et legs, dont celui de Granet en 1849. L’Ecole municipale de dessin est liée au Musée, un certain nombre de ses élèves atteignent la notoriété, de Granet à Cézanne. Le conservatoire de musique, fondé en 1849, devient École nationale de musique en 1884. Enfin, société savante de 1808, l’Académie depuis 1829 est le lieu de rencontre privilégié des hommes cultivés qu’ils soient propriétaires, juristes, universitaires, ecclésiastiques, militaires ou bourgeois.

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> Sociabilité culturelle / langue provençale
Au XIXe siècle, Aix a la réputation d’une ville où l’on s’ennuie. Zola décrit les nobles de Plassans, cloîtrés dans leurs hôtels, se rendant à leur cercle ou à l’Académie. Cependant, la bourgeoisie est plus vivante, celle du monde judiciaire, des professions libérales, des fonctionnaires, des rentiers ou autres négociants, ces nouveaux notables qui se rêvent propriétaires. Si elle freine les transformations économiques et maintient les traditions, cette bourgeoisie toutefois ne dédaigne pas se distraire avec mesure et discrétion. Les classes populaires elles, artisans, boutiquiers, employés, ouvriers, journaliers et domestiques, se retrouvent dans les chambrées ou dans les cafés et cercles qui se démocratisent. En 1851, le Carnaval ressuscite pour atteindre son apogée en 1900. La langue provençale quant à elle affleure toujours, bien ancrée dans un quotidien vivant tandis qu’Aix, ville de tradition, adhère et participe au mouvement plus savant du Félibrige.

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