PARIS-AIX, AIX-PARIS

Sous l’angle de vue des rapports qui s’établissent entre les deux villes, les images s’animent. On voit alors Aix suivre, à son rythme, la modernité parisienne et se transformer au grand dam de certains Aixois, dont Cézanne. Paris investit Aix avec ses catalogues de grands magasins, ses prospectus d’expositions universelles, ses venues d’hommes politiques et d’artistes en tournée. Les événements parisiens trouvent à travers la presse nationale et locale plus qu’un écho, comme le montre l’affaire Dreyfus. De son côté, Aix met en avant pour Paris ses atouts : tourisme, thermalisme utilisent une communication colorée et animée versant parfois dans le folklorisme, voire le cliché dévaluateur et stéréotypé.

> Modernisation de la ville et moyens de transport
Au rythme du progrès que Paris symbolise, Aix se métamorphose peu à peu. L’éclairage au gaz installé dès 1840 va laisser place à l’électricité à partir de 1906. Les trottoirs, déclarés d’utilité publique par un arrêté du préfet de 1878, transforment peu à peu les rues. Le développement du chemin de fer stimule l’économie et l’essor d’Aix aurait exigé que la grande ligne PLM (Paris-Lyon-Méditérranée) passe par la ville. C’est ce que son maire d’alors, Antoine Aude, appuyé par Thiers, tente de défendre en se rendant à Paris en 1845. La première gare de chemin de fer est construite en contrebas de la Rotonde, et le 31 août 1856, la ligne Aix-Rognac est inaugurée. La ligne Aix-Marseille suit en 1877. À partir de 1903, les Aixois prennent le tramway pour se rendre à Marseille en 1 h 40. Les dix portes de la ville disparaissent progressivement dès 1848, et les boulevards sont ouverts à partir de 1885.

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> Paris-Aix
Le négoce parisien, financièrement puissant, ne cesse d’étendre son influence. « Les grands magasins » de la fin du Second Empire, en proposant un regroupement de spécialités, des prix fixes, en utilisant la publicité et la vente par correspondance, vont au devant de la clientèle de province, lui offrant les ressources matérielles de la capitale et lui apportant le ton de la mode. Les expositions universelles, elles, mettent en scène cette vie moderne à grand renfort de prospectus et dépliants largement diffusés. Autre diffusion, celles des spectacles parisiens qui se multiplient sous le Second Empire et « tournent » dans tout le pays, emmenés par acteurs et artistes de renommée désormais nationale. Ces derniers ne sont pas les seules personnalités écumant les provinces. La ville fête le président de la république Félix Faure, en visite à Aix en mars 1896 tandis que la presse nationale reçue à Aix se fait l’écho des événements politiques : pendant trois ans l’affaire Dreyfus passionne les esprits, Aix s’enflamme, les discussions sont vives, et une vraie crise politique locale éclate. Au début du XXe siècle dans la presse locale florissante (L’Écho des Bouches-du- Rhône, La Provence nouvelle, Le National d’Aix, Le Mémorial d’Aix…), les chroniqueurs, souvent peu objectifs, tout en donnant un tableau de la vie quotidienne de la ville, se font le relais des événements nationaux.

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> Aix-Paris
La ville fait de gros efforts surtout à partir de 1863 pour améliorer l’hébergement et l’accueil de ses visiteurs avec notamment l’Hôtel Nègre-Coste où l’on fait étape avant de rejoindre la côte d’azur en hiver. Le thermalisme, peu actif jusqu’en 1896, se développe après cette date, Aix devenant pour Paris, à l’instar de Vichy ou Évian, une « ville d’eaux, ville d’art » attirante et animée. Affiches, cartes postales illustrent une communication qui n’évite pas les tentations et dérives folkloristes mettant en scène un Provençal stéréotypé, indolent et joyeux, « galejaire » à l’âme de cigale…

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