Valentines
Vous portiez un chapeau très frais
Sous des nœuds vaguement orangeLa Rencontre
À son retour du Liban, Germain Nouveau rencontre à Paris Valentine Renault qui lui inspire le recueil de vers amoureux Valentines, qu’il compose entre 1885 et 1887.
Nouveau ne concrétise pas la publication du recueil, pas plus qu’il ne l’a fait pour La Doctrine de l’amour. Les Valentines vont cependant jusqu’au stade d’épreuves d’imprimerie.
Le recueil paraît en 1922, deux ans après la mort de Germain Nouveau, à l’initiative d’Ernest Delahaye, dans une version largement censurée par Marie-Louise Manuel, la nièce du poète.
L’acte de décès de Clémence Valentine Renault, née à Rouen et décédée chez elle, au 28 de rue Racine (Paris, 6e arr.), le 16 octobre 1887, à l’âge de 27 ans, semble correspondre en tous points à celui de la muse du poète. Si le nom de Valentine Renault est cité dans Dauphin, le prénom Clémence est également présent dans les Valentines (« Vous aviez emmené Clémence », dans La Rencontre). La ville de Rouen apparaît dans Marseille ! (« votre Rouen, Madame »).
Dans Valentines, Germain Nouveau célèbre la femme et l’érotisme. La Fée, L’Idéal, Baisers, La Déesse, Fou, La Poudre, etc., émaillés de vers légers ou brûlants, sont autant d’hymnes à l’amour.
Ce précieux jeu d’épreuves d’imprimerie, réapparu récemment sur le marché de l’art, témoigne du projet de publication du recueil. Il porte des corrections de la main de l’auteur et est signé d’un pseudonyme : Jean de Noves.
Il s’agit de l’unique trace connue de la genèse de cette œuvre et son histoire éditoriale demeure chaotique : Nouveau, pour des raisons que l’on ignore (mort de la muse Valentine, « crise mystique » de 1891, velléités d’apporter des corrections au manuscrit ? ), n’en concrétisera jamais la publication et cherchera, en vain, à en récupérer les épreuves. Aussi, le recueil des Valentines ne sera-t-il édité qu’en 1922, deux ans après le décès du poète.
L’étude des épreuves et de la correspondance entre l’éditeur et la famille de Nouveau atteste du remaniement voire de la censure dont a fait l’objet cette publication posthume : expressions trop crues ou peu flatteuses retouchées...quand ce ne sont pas des vers ou des strophes entiers qui sont supprimés !
Voir l’exemplaire numérisé intégralement (Bibliothèque nationale de France) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...
Le recueil paraît deux ans après la mort de Germain Nouveau, à l’initiative de son ami Ernest Delahaye. Marie-Louise Manuel écrit en 1921 à l’éditeur Messein : « Je suis satisfaite en effet des modifications que vous avez apportées à cette œuvre, et je vous en remercie également. Je vous prierai néanmoins de bien vouloir encore remplacer par des points les mots grossiers, partout où ils se rencontreraient, comme aux pages 59-82-92-93 etc. À la page 77, et 110, trouvez-vous intéressante la deuxième strophe, moi pas du tout. Pour le Refus p. 84, ne pourriez-vous mettre la 1ère strophe à la 2e ou à la 3e personne, cela ne changerait rien à la versification et nous ferait plaisir. »
Comme Léonce de Larmandie, Daniel Riche fait partie de la Société des gens de lettres. Il se défend d’avoir reçu le manuscrit des Valentines. Germain Nouveau note sur la lettre : « échappatoire, subterfuge ridicule pour se tirer d’embarras, pantalonnade ».
« Ces vers n’étaient pas destinés à être mis, comme on dit, dans le commerce. Et ces épreuves ne sont jamais allées jusqu’au bon à tirer. […] Mr. de Larmandie m’écrivit (allant, en cela, au devant de mes désirs) qu’il les avait bien réellement brûlées ! » Manifestement pourtant, les épreuves n’ont pas été mises au feu mais sont restées en possession de l’éditeur ou des amis de Germain Nouveau.