Premiers vers

(1872-1879)

Muni d’un petit héritage, Germain Nouveau arrive à Paris en 1872 et fait ses débuts littéraires dans les milieux artistiques d’avant-garde, entre Parnasse et Symbolisme.
Seule une partie de ses écrits de cette époque nous est connue.
Cette période de « bohème » parisienne est celle où la vie sociale du jeune Germain Nouveau est la plus intense. Il se lie avec des poètes comme Jean Richepin, Raoul Ponchon, Maurice Bouchor ou Léon Valade. Il dessine, peint, participe à des projets théâtraux et publie dans des revues littéraires.

Le Coin de table
Henri Fantin-Latour (1836-1904)
Huile sur toile, 1872
161 x 223,5 cm

Le Coin de table évoque le Paris que Nouveau découvre en arrivant de Provence (de gauche à droite, assis : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Léon Valade, Ernest d’Hervilly, Camille Pelletan ; debout : Pierre Elzéar, Émile Blémont, Jean Aicard). Tous collaborent à La Renaissance littéraire et artistique. Ce tableau est exécuté précisément en 1872. Nouveau aurait pu y figurer s’il était arrivé quelques mois plus tôt à Paris !

Musée d’Orsay, Paris, RF1959 / Crédit photographique : Hervé Lewandowski
Germain Nouveau
Étienne Carjat (1828-1906)
Retirage J. Sereni, après 1905, d’une photographie, vers 1873 ? ; avec dédicace autographe à Laurence Nouveau
24 x 18 cm

Cette photographie, qui constitue le portrait le plus connu de Germain Nouveau, a été prise par Étienne Carjat, vraisemblablement en 1873.

Bibliothèque Méjanes, Aix-en- Provence, NOU 18,1 (acquisition en vente publique en 2001)
Germain Nouveau
Louis Blanc (Actif de 1872 à 1891)
Retirage de la Galerie Jean Loize, Paris, sans date, d’une photographie, vers 1873-1874 ?

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Collection particulière
Sonnet d’été
Germain Nouveau
La Renaissance littéraire et artistique, 30 novembre 1872

Sonnet d’été est le premier poème de Germain Nouveau publié dans une revue parisienne, La Renaissance littéraire et artistique, dirigée par Émile Blémont. Germain Nouveau le signe d’un de ses nombreux pseudonymes, « P. Néouvielle ».
Voir le fascicule numérisé intégralement (Bibliothèque nationale de France) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...

Collection particulière
Midi. C’est dans la cour
Germain Nouveau
Manuscrit autographe joint à la lettre adressée à Léon Valade, Marlotte, 1873

Midi. C’est dans la cour est le plus ancien manuscrit conservé de Germain Nouveau :

Midi. C’est dans la cour ; j’écris : un fumier glousse
Un chien jappe, un frelon rit, deux scieurs de long
Font un grincement brun sous un grincement blond :
Et c’est une harmonie étrange, et pourtant douce.
 
Ce matin, - mes souliers ont encore verts de mousse -
j’ai couru par le bois en déclamant Villon ;
Et j’ai vu des terreurs blanches de papillon
Pour la coiffe trouée et pour ma pipe rousse.
[...]
Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 1648/23
Lettre à Léon Valade
Germain Nouveau
Marlotte, 1873

Léon Valade (1841-1884), poète bordelais, a dû faire partie des premières personnes que Germain Nouveau a rencontrées à Paris. Dans cette lettre, Germain Nouveau relate son séjour à Marlotte, endroit prisé par les peintres impressionnistes à proximité de la forêt de Fontainebleau : « on man-ange, on dort, on se promène, on fume, on s’abêtit, tout doucement, lentement, sans s’en apercevoir […]. Soûl ? direz-vous, pourquoi ? Dam ! avec Nana, il est difficile, tant cette fille aime la noce, de se coucher avec toute sa raison ».

Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 1648/23
Saintes Femmes
Germain Nouveau
Poème au recto d’une lettre Manuscrit autographe, 1875
Nous vous perdons, malgré nos deux mains maternelles,
Mais vous n’emportez pas, pour vos futurs exils,
L’orgueil d’avoir éteint nos fécondes prunelles
Et bu notre âme humide aux pointes de nos cils.

Rêve claustral, Les Hôtesses et Saintes Femmes forment un triptyque : après la femme cloîtrée aux effusions mystiques de Rêve claustral et la charnelle mère-épouse des Hôtesses, Saintes Femmes présente une troisième incarnation de la femme éternelle : la prostituée.

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris, Ms 42274 / Crédit photographique : Suzanne Nagy
Musée des Antiques (recto) ; L’Enfant pâle et Les Colombes (verso)
Germain Nouveau
Manuscrit autographe, avant août 1876
Elle veille, en sa chaise étroite ;
Quelque roi d’Égypte a sculpté
Dans l’extase et la gravité
La corps droit et la tête droite.
 
Moitié coiffe et moitié bandeau,
Fond pur à des lignes vermeilles,
Un pan corne autour des oreilles.
Sa robe est la prison du Beau.
[…]
Et le menton rit, tel qu’un fruit.
Et la joue est une colline. 
Quant à l’aile de la narine
C’est l’ibis envolé sans bruit.
[…]

Musée des Antiques paraît en août 1876 dans La République des lettres, revue dans laquelle sont publiés notamment Mallarmé, Huysmans, Maupassant et Zola (L’Assommoir). Faut-il y voir un exercice dans le style parnassien en écho à Charles Cros ou à Baudelaire ? (Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre - La Beauté, in Les Fleurs du Mal, 1857).

Collection particulière
Les Riens (recto) ; Robin des bois (verso)
Germain Nouveau
Manuscrit autographe, sans date
Un rien sait occuper les belles
Un rien les fâche ou les ravit
Et pour nous faire oublier d’elles
Hélas parfois un rien suffit
Sur un rien leur bonheur repose
Des bagatelles font leur Bien
Leur vie entière se compose
De rien
[…]
Un rien fait rougir l’innocence
Un rien nous charme nous séduit,
Un rien fait naître l’espérance
Comme un rien aussi la détruit
Un rien nous trouble, nous abuse,
Et voltigeant du mal au bien
L’homme tremble, souffre et s’amuse
D’un rien

Le ton de ce poème peut faire penser aux chansons populaires prisées par Nouveau.

Collection particulière
Un peu de musique
Germain Nouveau
Étrennes du Parnasse, Paris, M. Lévy, 1874
- Et parmi la vapeur rose
De la nuit délicieuse
Monte cette blonde chose
La lune silencieuse.

Le sonnet Un peu de musique est publié dans La Renaissance littéraire et artistique du 24 mai 1873. Le manuscrit original n’est pas localisé.

Voir le fascicule numérisé intégralement (Bibliothèque nationale de France) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...

Collection particulière
La Fête chez Toto
Germain Nouveau
La Lune rousse, 25 août 1878

Le manuscrit de ce poème, aujourd’hui non localisé, a été envoyé par Germain Nouveau à Paul Verlaine en octobre 1875, sous le titre Toto (l’envoi contenait deux autres poésies : Mendiants et Dompteuse). Il pourrait s’agir d’une parodie de La Fête chez Thérèse (Les contemplations, 1856) de Victor Hugo – Toto était le petit nom donné à Victor Hugo par sa maîtresse Juliette Drouet.

Collection particulière
Cadenette
Germain Nouveau
La Lune rousse, 9 février 1879

Ce poème évoque, à travers le destin d’une Parisienne, Cadenette, la déportation des communards en Nouvelle-Calédonie. Il est publié au moment où se discute au Sénat et devant la Chambre des députés un projet de loi relatif à leur amnistie, réclamée depuis des années par Victor Hugo, entre autres.

Collection particulière