Les Sonnets du Liban

Le soleil verse aux toits des chambres mal fermées
Ses urnes enflammées ;
En attendant le kief, toutes sont là, pâmées,
Sur les divans brodés de chimères armées ;

Annès, Nazlès, Assims, Bourbaras, Zalimées,
En lin blanc, la prunelle et la joue allumées
Par le fard, parfumées,
Tirant des narghilés de légères fumées,

Ou buvant, ranimées,
Les ongles teints, les doigts illustrés de camées,
Dans les dés d’argent fin des liqueurs renommées.

Sur les coussins vêtus d’étoffes imprimées,
Dans des poses d’almées,
Voluptueusement fument les bien-aimées.

Germain Nouveau séjourne quelques mois au Liban en 1884, où il donne des cours de dessin et de rhétorique. Après être passé par Jérusalem et Alexandrie, il revient en France à la fin de l’année 1884 ou au début de l’année suivante.
Ce séjour a fait naître quelques légendes : il aurait séduit la mère de l’un de ses élèves (ce qui aurait justifié son renvoi du collège), fait ensuite mendier une jeune aveugle pour leurs besoins communs et aurait enfin été rapatrié à Marseille par le consul de France à Beyrouth, ce qu’à ce jour rien ne prouve.
Les sonnets Set Ohaëdat, Kathoum, Musulmanes et Smala sont publiés dans la presse parisienne par Germain Nouveau en 1885. Les manuscrits de ces vers n’ont pas été retrouvés et ce n’est que de manière posthume que ces poèmes ont été réunis sous le titre Sonnets du Liban – titre qui n’a pas été choisi par l’auteur.

Sonnets du Liban
Germain Nouveau
Zurich, Atelier Handpresse am Predigerplatz, 1956

Cette édition, tirée à trente exemplaires, reprend les sonnets publiés en 1885 dans Le Chat noir et Le Monde moderne.

Collection particulière
Arméniens – croquis d’après nature
Germain Nouveau
La Journée parisienne illustrée, politique et littéraire, 1er avril 1886

Ces portraits d’Arméniens du Liban offrent un rendu qui rappelle celui de la gravure à l’eau-forte.

Institut de France, Lovenjoul 10303