Dernières volontés

Germain Nouveau meurt seul chez lui, à Pourrières, au début du mois d’avril 1920. On parle d’un jeûne de Carême prolongé, mais à soixante-huit ans, âge assez avancé à l’époque, d’autres causes sont possibles.
Il est d’abord enterré dans la fosse commune puis transféré en 1925 dans un caveau familial. Sa tombe est toujours visible au cimetière de Pourrières.

Quand je mourrai, ce soir peut-être,
Je n’ai pas de jour préféré,
Si je voulais, je suis le maître,
Mais... ce serait mal me connaître,
N’importe, enfin, quand je mourrai.
[...]

Creusez-moi mon trou dans la terre,
Sous la bière, au fond du caveau,
Où tout à côté de son père,
Dort déjà ma petite mère,
Madame Augustine Nouveau.
[...]

Ah ! comme je vais bien m’étendre,
Avec ma mère sur mon nez.
Comme je vais pouvoir lui rendre
Les baisers qu’en mon âge tendre
Elle ne m’a jamais donnés.

(Dernier Madrigal)

Lettre à son cousin Léopold Silvy et « Testament d’Alger »
Germain Nouveau
Alger, 16 janvier 1910

Dix ans avant sa mort, mais ayant le sentiment qu’elle est imminente, Nouveau envoie à son cousin, le notaire Léopold Silvy, un courrier d’Alger suivi du « Testament d’Alger » contenant ses dernières volontés.
Elles consistent pour l’essentiel à demander le remboursement de ses dettes et la destruction de ses lettres. Il demande aussi de s’opposer « à la publication d’aucun vers de [lui] » et affirme vouloir « mourir dans la religion catholique, apostolique et romaine comme on meurt dans [sa] famille ».

Collection particulière
Lettre à Germain Nouveau
Ernest Delahaye (1853-1930)
Maisons-Laffitte, 5 avril 1920

En te faisant adresser mon livre sur Verlaine [Paris, A. Messein, 1919], j’ai omis de t’informer de mon changement d’adresse […]. J’espère que cette étude sur un de nos amis communs ne t’aura pas trop déplu, malgré bien des imperfections et lacunes que tu as dû remarquer. »

Cette lettre est datée du 5 avril 1920. Germain Nouveau a été déclaré mort la veille. L’enveloppe revient à son expéditeur avec, au dos, la mention « Décédé, le facteur Jean ».

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris, Ms 27414 / Crédit photographique : Suzanne Nagy
Inventaire de la succession de Germain Nouveau
Maître Augustin Dragon, notaire à Pourrières
25 janvier 1921

Cet inventaire fait état du contenu du logement de Germain Nouveau : « une mauvaise chaise un franc, un seau deux francs, trois mauvaises vestes et pardessus vingt francs […] plusieurs liasses de papiers paraissant contenir des œuvres littéraires sur papier libre ». Il atteste du fait que, contrairement à ce qui a pu être affirmé, Nouveau n’a pas tout brûlé avant de mourir.

Étude de Maîtres Sévrin et Castelli, notaires à Saint-Maximin-la-Sainte- Baume (Var)
Vente de la succession mobilière de Germain Nouveau
Études de Maître Albert Veyan, avoué à Brignoles et de Maître Dragon, notaire à Pourrières
Affiche, 3 mai 1921

La succession, vendue en un seul lot le 15 mai 1921, ne trouve pas acquéreur. On ignore le sort des documents qui s’y trouvaient.

Maîtres Sévrin et Castelli, notaires à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var)