Fonds national d’art contemporain
© Christophe Fouin

Nouveau, peintre et dessinateur

Germain Nouveau est un habitué de la brasserie montmartroise La Nouvelle-Athènes, où se retrouvent Manet, Degas, Pissarro, Gauguin, Renoir, Monet, Cézanne… mais aussi des artistes plus proches de lui comme Jean-Louis Forain et Ernest Cabaner.
Lors de ses voyages en Belgique et en Italie, il fréquente les musées et les églises, où il copie des tableaux de grands maîtres.
En 1885, Nouveau suit les cours de dessin à l’Aca­démie Colarossi (Paris), au même moment que Camille Claudel (mais l’on ne sait s’ils s’y sont rencontrés).
Entre 1884 et 1891, il est professeur de dessin au Liban, puis à Bourgoin et à Remiremont et à Paris. Ce dernier poste marquera la fin d’une vie sociale « stable ».

La Nouvelle-Athènes
Jean-Louis Forain (1852-1931)
Eau-forte, sans date

« Six ans durant, nous restâmes liés d’intimité quotidienne, noctambulant de La Nouvelle-Athènes à la Fontaine, du Rat-Mort à la Grand’ Pinte […] ou bien vers Montparnasse, le Prado et le fameux Bal Constant de la Gaîté, superbe bouge, grouillant de verve populacière […]. » (témoignage de Camille de Sainte-Croix à propos de Germain Nouveau,1910)
Voir l’exemplaire numérisé intégralement (Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art) :

Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collection Jacques Doucet, EM FORAIN 15
Lettre à Paul Pouce, Paris, 1879
Germain Nouveau
Initialement reliée dans un exemplaire de Savoir Aimer

Paul Pouce, destinataire de cette lettre, et Victor Parizelle, qui y est évoqué, sont peintres. Germain Nouveau, qui écrit depuis le café du Caprice, a trop bu pour se rendre au rendez-vous… Même à l’époque où il fréquente à Paris le monde littéraire, Nouveau n’abandonne pas le dessin et la peinture. Il écrit à Richepin en 1877 : « Je vais pouvoir avoir (quels mots bourgeois !) un petit atelier à Paris ; car tu sais je fais toujours un peu de peinture ».

Collection particulière (acquisition à la troisième vente de la bibliothèque de Pierre Bergé en 2017)
Le Kiosque
Germain Nouveau
Lavis sépia, sans date
20,4 x 15,4 cm

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Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris, 7113 (17)
Au Café
Germain Nouveau
Dessin, sans date
14 x 13 cm

La composition de ce dessin rend vivante la scène en la faisant sortir du cadre. La lecture du Figaro fait allusion au journal auquel Nouveau collabore à plusieurs reprises.

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris, 7113 (12)
Joueurs de cartes
Germain Nouveau
Dessin, sans date
13,7 x 19,9 cm

Seules les hachures qui marquent l’ombre donnent forme aux personnages. Est-ce là une référence à Manet et sa technique de peinture par juxtaposition d’aplats de zones lumineuses et sombres ?

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris, 7113 (13)
Sainte-Victoire
Germain Nouveau
Lavis sépia, sans date
13,3 x 20,7 cm

Ce dessin a été réalisé à Rousset, où vivent la sœur de Germain, Laurence, et son époux, Eusèbe Manuel. Dans les mêmes années, Cézanne peint également la Sainte-Victoire, mais on ne sait pas si les deux artistes se connaissaient.

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris, 7113 (16)
Bord de mer
Germain Nouveau
Aquarelle sur papier, 1877 ?
6,5 x 11,9 cm

Il est possible que ce tableau ait été peint en 1877, à l’occasion d’un séjour de Germain Nouveau en compagnie de Jean Richepin, Raoul Ponchon et Maurice Bouchor sur l’île anglo-normande de Guernesey. Ce dernier écrit à propos de ce séjour : « De temps à autre, un paysan, dans quelque champ voisin, levait la tête avec inquiétude ; et un veau beuglait de douleur en réponse à nos alexandrins ».

Collection particulière
L’Ancien de l’infanterie
Germain Nouveau
Aquarelle sur papier, 1878 ?
22,2 x 14 cm

Bien qu’exempté du service militaire (parce que l’aîné, orphelin de père et de mère), Germain Nouveau est appelé, comme tous les réservistes, pour les « 28 jours ». En septembre 1878, il publie les Notes d’un réserviste dans La Lune rousse. Peut-être ce portrait a-t-il été réalisé à cette occasion.

Collection particulière
Portrait de Charles Barbaroux (d’après Henri-Pierre Danloux)
Germain Nouveau
Huile sur toile, 1886
65 x 54 cm

Les circonstances de cette commande d’État ne sont connues que par ce qu’en dit Germain Nouveau : « en mars dernier [1886], la Direction des Beaux-Arts a bien voulu me confier, pour le musée de Versailles, la copie d’un portrait de David, celui de Barbaroux, qui a été jugée digne par l’Inspecteur de figurer dans les Musées de l’État ». Le passage en vente publique en 2005 du tableau qui a servi à la copie a permis d’en rectifier l’attribution : il ne s’agit pas d’un tableau de David mais d’Henri-Pierre Danloux. D’un point de vue technique, l’enjeu de cette copie est le rendu du clair-obscur sur le visage de ce député des Bouches-du-Rhône à la Convention, guillotiné à Bordeaux en 1794.

Fonds national d’art contemporain, en dépôt auprès du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. MV 6395 ; RF 464
Crédit photographique : Christophe Fouin
Tubes de peinture, gobelet et bouteilles
Germain Nouveau
Huile sur bois, non datée
11,5 x 18,5 cm

Nous ne savons rien de cette œuvre de Germain Nouveau, récemment apparue sur le marché de l’art. Le petit format, la facture rapide, les matériaux et le sujet même (quatre tubes de peinture, deux bouteilles et un gobelet - objets les plus communs qui soient) font écho au reste de sa production.
On rappellera que l’apparition des tubes de peinture prête à l’emploi, commercialisés à grande échelle dans les années 1860-1870, avait alors révolutionné la pratique de la peinture, permettant aux impressionnistes de travailler en plein air sur le motif.

Collection particulière
Germain Nouveau peignant à Remiremont
Photographie, 1887-1888
Intégrée dans Poésies d’Humilis et vers inédits

Germain Nouveau obtient un emploi de professeur de dessin à Bourgoin (Isère) en 1886, puis à Remiremont (Vosges). C’est là que cette photographie aurait été prise. La peinture sur laquelle travaille Nouveau reste inconnue.

Bibliothèque municipale de Charleville-Mézières, AR 2138 rés