Aix-Pourrières
À partir de 1898, Germain Nouveau s’installe à Aix-en-Provence. Il y restera une douzaine d’années, fréquentant assidûment la bibliothèque Méjanes. Sans revenus, il « fait le portrait » et demande l’aumône. Cette longue présence à Aix est entrecoupée de nouveaux voyages, notamment à Paris, en Algérie et en Italie.
C’est vraisemblablement durant cette période qu’il peint la série de natures mortes dite Les Sept repas de la semaine.
En 1911, il revient à Pourrières et y achète, pour une somme modique, une petite maison qu’il baptisera la « Tour Gombert ». Il y passera le reste de sa vie dans un grand dénuement, vivant de charité et de ses « portraits », pratiquant sa foi de manière ascétique.
Il semble n’avoir plus pour correspondants que son cousin Léopold Silvy et Ernest Delahaye. Ses anciens amis sont morts.
Relié dans un exemplaire de Savoir Aimer
Germain Nouveau indique : « Fait à Aix, 15 avril 1903 (aux portes de l’Église du St-Esprit !) » [rue Espariat, Aix-en-Provence]. La Chanson du troubadour opposerait l’amour courtois et l’amour charnel au travers d’Esclarmonde (la « dame » d’un troubadour du XIIIe siècle nommé Guilhem de Montanhagol, dont la beauté éclairait le monde) et de Glycère, « courtisane » athénienne ayant vécu au IVe siècle avant J.-C.
La salle de lecture vue de l’entrée sud, au premier étage de l’hôtel de ville : les fenêtres, à droite, donnent sur la rue des Cordeliers. La photographie a pu être prise à l’occasion de l’installation de l’éclairage électrique en octobre 1898.
Les grandes tables de lecture sont toujours utilisées à la Bibliothèque Méjanes, installée depuis 1989 rue des Allumettes. L’une d’elles porte une plaque commémorative de la présence de Germain Nouveau, apposée en 1974.
Germain Nouveau semble avoir fréquenté la Bibliothèque Méjanes dès 1870. Sa présence y est attestée en 1889 et, de manière très assidue – parfois quotidienne, d’octobre 1896 à avril 1903 et d’avril 1910 à mars 1912. Il y lit notamment Virgile, Clément Marot, Benserade, Boileau, Scarron, Alain Chartier, Buffon, de nombreux poètes grecs et latins, la Gazette des Beaux-Arts, des dictionnaires et des encyclopédies, des revues et des ouvrages théologiques.
« L’auteur [Germain Nouveau], à un moment perdu, de ce petit panneau que je tenais de mes mains il y a quelques jours chez M. Jules Mouquet : rien qu’une pomme ouverte près d’un couteau à cran d’arrêt qui fut sans doute le sien, mais l’espace est encore empli du cri du fruit sous la lame quand on a soif et quand on a faim. »
(André Breton, Flagrant délit, 1949).
Il s’agit là d’un des rares portraits de Pourriérois conservés, réalisés par Germain Nouveau durant les dernières années de sa vie. La technique du fusain estompé correspond au « spécimen » du « portrait à l’estompe genre photographie, de face ou de trois quarts ».
« Mon admirable ami qui, tant aimant les vers, n’en faites point !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Exemple de sagesse unique en notre siècle ! » Germain Nouveau demande à Ernest Delahaye de lui adresser une copie d’Ophélia, sonnet d’Arthur Rimbaud : « Envoie-moi Ophélia, la Blanche Ophélia… j’en ai besoin pour ma musique… »
Germain Nouveau jouait-il de la musique ? « Musique » peut aussi s’entendre au sens figuré – Elle lui sera envoyée six ans après, à Pourrières.
Après de nombreuses années passées à Aix-en-Provence, où on lui connaît six adresses différentes, Nouveau revient à Pourrières. Il achète pour soixante-dix francs à Mme Fabre, veuve Gombert, une maison rue de la Barraque, qu’il baptisera « Tour Gombert » et dans laquelle il mourra après 9 ans d’ascèse. Un ajout marginal indique que la maison est « en très mauvais état ».
Germain Nouveau reçoit Ophélia :
« Mon cher Paterfamilias,
(Il n’y a point d’injure de notre part à nous royaliste, au contraire)
"Merci d’Ophélia, belle comme la neige" !
Sentiments très-dévoués
Commetuvoudrasmappeler ».
On peut apercevoir dans le coin inférieur droit de cette carte postale un panneau indiquant :
VOTRE PORTRAIT POUR 4 SOUS
10 RUE [illisible] 10
ouvert tous les jours
ET DIMANCHE
[illisible].
Germain Nouveau pourrait être l’auteur de cet écriteau - ce panneau est posé contre le pignon d’une maison de la Grand Place qui a appartenu à son grand-père paternel.